La génération Y (c'est-dire les moins de 32 ans, ou GenY)
intéresse. Le marketing d'abord qui copie ses codes, envahit Facebook
et pépie sur twitter. Les entreprises aussi, qui se demandent souvent
si la génération Y est soluble dans leur organisation -comme le dit Cyril Castelnaud-, ou cherchent à analyser "le hiatus entre la génération Y et le monde du travail".
La Table Ronde animée par Serge Pérez la semaine dernière à l'occasion de Paris 2.0
était une belle occasion d'aborder la question des relations que
peuvent avoir les entreprises avec leurs nouvelles forces vives.
A quoi ressemble un Gen Y ? J'essaie d'y répondre ici, Benjamin Chaminade là, et plus longuement sur son blog Génération Y 2.0.
Quitterie Delmas est une GenY et disait que les GenY sont en colère,
pour le monde que les plus anciens leur laissent, pour la place qu'ils
ne leur laissent pas. Que les GenY ne cherchent pas l'affrontement mais
à construire autre chose qui ait du sens. Mais sont-ils pour autant des
anges ? ("à quoi pensent les anges ?" sur le site de son agence Heaven)
Au contraire. Débarrassés des idéologies, ils peuvent ouvrir les yeux
sur le monde tel qu'il est. Nés dans le virtuel, ils sont aussi à
l'aise dans le monde réel. Mais, justement, pas dans le monde de
l'entreprise.
Au delà des différences de culture, du conflit
possible avec les générations précédentes, et de la capacité des
organisations à accueillir les GenY sans les subvertir, je continue à
me poser plusieurs questions :
- Qu'y a-t-il de spécifique à
la génération Y ? Ne se repose-t-on pas les mêmes et éternelles
questions à chaque changement de génération ?
> 80 % de ce
qu'on entend ou lit sur le sujet aurait pu être écrit il y a 40 ou 60
ans. Ce qui change, c'est le basculement vers le numérique qui
permettant profusion, démultiplication et désordre bouscule les
hiérachies du savoir et des sachants, c'est l'effet réseau qui engendre
l'émergence de phénomènes explosifs dans leurs effets, c'est la prise
de conscience (enfin !) que le monde physique n'est pas infini, et que
les nouveaux grands espaces sont immatériels.
- Où est la frontière entre les GenY et les autres ?
>
Je pense qu'elle ne se situe pas entre les personnes mais à l'intérieur
de nos têtes, et que nous sommes tous déjà contaminés par la culture
digitale, de réseau, d'immédiateté et d'urgence. En entreprise
particulièrement, et
Anthony Poncier
le souligne, le conflit possible n'est pas entre les personnes, mais
entre les GenY et les cultures d'entreprise : le facteur lent de
l'évolution n'est pas la personne mais la "personne-fonction".
- On a beaucoup parlé des boomers, et maintenant des GenY, essayé -souvent avec succès- de les mettre en tandem symétrique ("je t'enseigne ce qu'est l'entreprise, tu m'inities au web 2.0, sesmodes et ses codes"), mais que devient la Génération X, quel est son rôle dans l'évolution de l'entreprise ?
>
La question n'est pas tant générationnelle que de positionnement dans
l'organigramme : plutôt que le "middle age", c'est le "middle
management" qui pose question dans le passage à de nouveaux modèles
d'entreprise : sont-ils condamnés à faire les frais de la
désintermédiation massive en cours ? Je vous conseille la lecture des
articles de
Bertrand Duperrin et d'
Anthony Poncier sur ce sujet.
Alors,
la génération Y et l'entreprise sont-elles compatibles ? La réponse est
bien sûr oui pour les "entreprises Y" dont la plus célèbre est Google.
Pour les autres, oui également si elles font l'effort de repérer chez
tous leurs collaborateurs les "gènes Y" qui les aideront à travailler
et à manager autrement.
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